Des services en français en «moins de 60 secondes» aux douanes?

L'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) affirme être en mesure «d'offrir le service en français dans un très bref délai de moins de 60 secondes», lorsqu'un voyageur qui se présente devant un agent unilingue anglais en fait la demande.


Plus tôt cette semaine, un couple de Gatineau a déposé une plainte officielle auprès de l'ASFC, après avoir été accueilli par un agent douanier unilingue à l'aéroport international d'Ottawa. «Il a poursuivi en anglais uniquement même si on lui répondait en français. C'est un affront aux francophones. Personnellement, je me suis senti tellement humilié», a raconté Germain Roy, de retour d'un voyage à Cuba avec son épouse.

L'ASFC assure qu'elle a toujours des agents bilingues à l'aéroport d'Ottawa, qui sont disponibles pour offrir des services dans les deux langues officielles. «De plus, tous nos agents s'assurent d'offrir l'offre active à tous les voyageurs», a indiqué le porte-parole Chris Kealy, par courriel.

À l'aéroport d'Ottawa, l'ASFC dit compter sur 39 agents de services frontaliers, huit surintendants et un chef des opérations «qui sont tous bilingues». La proportion de douaniers de l'ASFC dans la capitale est donc plus élevée que celle de l'Agence canadienne de la sûreté du transport aérien (ACSTA), l'autre agence qui offre aussi des services aux voyageurs.

En mars 2014, le tiers des 225 «agents de contrôle» de l'ACSTA à l'aéroport d'Ottawa étaient bilingues. Ces derniers sont responsables du contrôle des bagages, des passagers et du personnel des aéroports.

Le monde à l'envers

Aux yeux du Gatinois, Claude Patry, les services en français sont plus souvent disponibles à l'aéroport de Vancouver qu'ils ne le sont à celui d'Ottawa. Depuis des lunes, le policier à la retraite fait le trajet Ottawa-Vancouver par avion, deux fois par année, pour aller visiter sa fille.

«C'est vraiment le monde à l'envers, dit-il. Le 10 décembre dernier, j'ai eu à me rendre à Vancouver, pour visiter ma fille. Lorsque je suis passé à l'aéroport d'Ottawa, tous les services que j'ai eus furent en anglais, même si je m'adressais à eux en français.»

«Lors de mon retour, à l'aéroport de Vancouver, tout le monde m'a répondu en français, poursuit-il. J'ai pris la peine de les remercier parce que j'étais content d'avoir été servi en français dès les premiers instants.»

M. Patry reconnaît qu'il n'insiste pas pour être servi en français face aux employés unilingues anglophones à l'aéroport d'Ottawa. Il se méfie de leur réaction et a peur de causer des retards. «Mon épouse ne parle pas en anglais, et chaque fois qu'elle prend l'avion seule, elle est très stressée parce qu'elle a peur de ce qui peut arriver lorsqu'elle fait face à un employé unilingue anglophone», raconte M. Patry.