Maniwaki et Kitigan Zibi, pas comme Val-d'Or

Kitigan Zibi a son propre service de police. La SQ couvre l'extérieur de ce territoire, dont Maniwaki.

Kitigan Zibi et Maniwaki ne peuvent être comparés à Val-d'Or et ses environs, au chapitre des relations entre les policiers et les communautés autochtones.


C'est du moins ce qu'en pense un porte-parole du Conseil tribal algonquin, un regroupement de neuf communautés au Québec et une en Ontario, dont Kitigan Zibi.

Val-d'Or est placée dans la tourmente depuis la publication d'un reportage de l'émission Enquête de Radio-Canada, dans lequel des femmes autochtones affirment avoir été abusées par des policiers de la Sûreté du Québec (SQ).



Selon Georges Lafontaine, du Conseil tribal algonquin, Kitigan Zibi est moins à risque de vivre des situations aussi tendues qu'à Val-d'Or, dans les relations entre les citoyens et les forces de l'ordre.

Kitigan Zibi a son propre service de police. La SQ couvre l'extérieur de ce territoire, dont Maniwaki.

Lorsque la police provinciale doit intervenir dans la réserve, elle le fait avec la police locale. «Ce sont des protocoles très bien respectés entre les deux corps de police», dit M. Lafontaine. Comme plusieurs, il entend beaucoup parler des allégations des femmes ayant témoigné contre certains agents de Val-d'Or. Personne n'a encore été accusé, alors que la police de Montréal mène l'enquête.

«Des mauvais traitements (en Outaouais), il y en a, selon M. Lafontaine. Mais comme à Val-d'Or, non.»



Une solution, selon le représentant autochtone, est d'intégrer des membres des Premières Nations dans la SQ. «Combien d'autochtones, dans la SQ? Pas beaucoup. En fait, presque pas. Même dans les grandes villes, comme Ottawa, Gatineau, Montréal, on n'en voit presque pas. Pourtant, il y a des autochtones partout.»

Boycotter Val-d'Or

Par ailleurs, le Conseil tribal algonquin boycotte la Ville de Val-d'Or, pour appuyer les femmes se disant victimes d'abus de la part de certains policiers de la Sûreté du Québec.

Le regroupement ne tiendra plus d'activités dans cette ville. Une réunion d'une quinzaine de représentants, qui devait y avoir lieu le 10 novembre prochain, a été annulée. Elle sera organisée dans une autre municipalité, possiblement Amos, Rouyn-Noranda, Ville-Marie ou Maniwaki.

«Val-d'Or est central pour nos représentants qui veulent se réunir. Il y a des hôtels, des centres communautaires, des services. Mais pour le moment, [Val-d'Or] n'aura pas cet argent. Les Premières nations ont aussi leur poids économique», fait valoir M. Lafontaine.

Le Conseil tribal algonquin «ne ferme pas la porte» à des discussions avec les autorités valdoriennes.



«Cette crise doit déboucher sur quelque chose», commente-t-il. Ce n'est pas seulement avec la SQ, poursuit-il. C'est un racisme latent, partout. Ces traitements-là, c'est dans la même lignée que les femmes autochtones disparues ou assassinées.»

La chef du Conseil, Verna Polson estime nécessaire qu'un dialogue s'ouvre enfin entre la société québécoise et canadienne sur les conditions de vie des communautés autochtones. «Tant que nous ne parviendrons pas à améliorer les conditions économiques de nos communautés, nous nous retrouverons devant des drames comme ceux que nous rencontrons aujourd'hui.»