Le 1er septembre dernier, la Compagnie de chemin de fer de l'Outaouais (CCFO), propriétaire de la locomotive, avait donné un sursis de 60 jours au groupe derrière le tracé Masson-Montebello, afin qu'il boucle son plan d'affaires, qu'il identifie un promoteur privé et qu'il en vienne à une entente pour l'utilisation des rails.
La Compagnie de chemin de fer avait spécifiquement exigé que l'investisseur privé démontre son sérieux en déposant en fidéicommis la somme de 100 000$.
Ne pouvant répondre aux conditions dans les délais, la Corporation présidée par le conseiller municipal Marc Carrière a finalement rendu les armes. Le comité de relance a pris la décision d'abandonner ses travaux vendredi dernier à la suite d'une rencontre de la dernière chance tenue le 21 octobre au Château Montebello.
Le groupe d'investisseurs potentiels présent à cette réunion n'a visiblement pas été séduit par le plan d'affaires concocté par la firme DAA Stratégies.
La viabilité à court terme du projet, estimé à 8,6 millions $, n'a pas été suffisamment démontrée, selon les informations obtenues par LeDroit.
Marc Carrière affirme qu'un ensemble de facteurs a contribué à la décision du comité. Il souligne que les récentes déclarations publiques d'acteurs gravitant autour du dossier et s'étant montrés réticents à l'égard du choix du tracé Masson-Montebello n'ont pas aidé la cause.
La directrice générale du Fairmont Le Château Montebello, Chantal Dumas, l'ancien président du comité de relance, Rémi Tremblay, et Tourisme Outaouais s'étaient ouvertement affichés en faveur d'un trajet entre Plaisance et Montebello.
«On n'a pas le choix de vous dire que les investisseurs étaient frileux étant donné les conditions actuelles. Il aurait fallu qu'il y ait la mobilisation d'un ensemble d'acteurs qui se rangent derrière un seul projet comme c'était censé. Malheureusement, ce n'est pas venu», a commenté M. Carrière.
Pour expliquer cet échec, le président de la corporation décoche également une flèche à Tourisme Outaouais, faisant référence à la demande de financement de 50 000$ logée à l'organisme régional, somme qui n'a pas été accordée au comité puisque certaines conditions n'ont pas été remplies.
«Quand des acteurs principaux comme Tourisme Outaouais, à qui on a demandé du financement et à qui on a demandé de s'asseoir avec nous, refusent (nos demandes), à partir de ce moment-là, ça devient difficile. [...] Ces 50 000$ nous auraient permis d'avoir plus de ressources et de peaufiner le plan d'affaires pour le mieux le vendre», a expliqué M. Carrière.
Ce dernier renvoie maintenant la balle à Tourisme Outaouais. «On leur demande d'examiner la possibilité de donner suite au projet.»
Tourner la page?
De son côté, la présidente de la Compagnie de chemin de fer de l'Outaouais, Louise Boudrias, n'a pas caché sa déception face à la nouvelle. «On est déçu, c'est certain. On aurait aimé que ce projet lève. On l'a prouvé en leur donnant un 60 jours supplémentaires pour leur permettre d'aller chercher ce qui manquait. Le point culminant était de trouver un partenaire privé et un opérateur privé et ça n'a malheureusement pas été fait», a-t-elle indiqué.
Cette mise à mort du projet Masson-Montebello pourrait bien sonner le glas de l'icône touristique régionale qui est garée depuis juin 2011. «La CCFO avait lancé il y a quelques années un appel d'intérêt public, même à l'extérieur de la région, pour trouver un investisseur. Personne ne s'était manifesté. Le groupe de Masson-Montebello a cherché au niveau local et personne n'est venu cogner à la porte. Je pense qu'il y a un message en arrière de tout ça. Nous sommes peut-être rendus ailleurs», a confié Mme Boudrias.
La CCFO avait statué en septembre dernier que la locomotive serait officiellement mise en vente si le comité de relance n'arrivait pas à remplir les conditions exigées en date du 31 octobre. Mme Boudrias précise que son c.a. se réunira la semaine prochaine pour prendre une décision finale quant à l'avenir du train.
Le projet Masson-Montebello en quelques dates
Juin 2011: des pluies diluviennes causent d'importants dégâts à la voie ferrée du train à vapeur Hull-Chelsea-Wakefield, forçant la mise au rencart de la locomotive.
Novembre 2011: la Compagnie de chemin de fer de l'Outaouais (CCFO) achète, au coût de 500 000$, le train à vapeur des mains de l'entreprise HCQ.
Décembre 2013: le CLD Papineau exprime son intention de commander un plan d'affaires pour démontrer la viabilité d'un tracé Masson-Montebello dans l'éventualité où la relance vers Hull-Chelsea-Wakefield ne fonctionne pas.
Septembre 2014: un panel d'experts rassemblés à Gatineau analysent les trois projets de relance sur la table, soit Masson-Montebello, un train urbain reliant l'ancienne gare de la rue Montcalm au lac Beauchamp et un tracé reliant Wakefield à la carrière Morrison.
Mai 2015: sous certaines conditions, la CCFO choisit le projet Masson-Montebello pour remettre sur les rails l'icône touristique de l'Outaouais dès 2017.
31 août 2015: quelques jours après avoir obtenu l'appui conditionnel de la Ville de Gatineau et le support de la députation régionale, la Corporation du train touristique Masson-Montebello présente son plan d'affaires et demande un sursis de deux mois à la CCFO afin de répondre à toutes les conditions exigées par celle-ci, dont celle de dénicher un investisseur privé.
29 octobre 2015: la Corporation du train touristique Gatineau-Montebello annonce qu'elle abandonne le projet.