Un seul train, deux visions

« Il faut mettre de l'avant un projet logique qui offre la meilleure expérience possible aux clients. Là, on prévoit faire rouler le train sur une distance trop grande», affirme la directrice générale du Château Montebello, Geneviève Dumas.

Les appuis en faveur d'un trajet Masson-Montebello pour relancer le train à vapeur s'effritent au profit d'un tracé plus court qui irait plutôt de Plaisance à Montebello.


Après le président du comité de relance du train, Rémi Tremblay, qui a remis en question la viabilité d'un tel tracé lors de sa démission, la semaine dernière, c'est au tour de la directrice générale du Château Montebello, Geneviève Dumas, d'affirmer publiquement sa réticence face à un départ du train à Masson.

Citée la semaine dernière par l'ancien directeur général du CLD Papineau, Aurèle Desjardins, comme membre du « comité élargi du train » ayant une expertise touristique et une connaissance du milieu des affaires, Mme Dumas affirme, en entrevue exclusive accordée au Droit, qu'un départ à Masson, en direction de Montebello, serait une mauvaise décision d'affaires.



« Je me prononce publiquement là-dessus pour la première fois, dit-elle. En analysant tous les éléments et les avis des experts, je me dis qu'à un moment donné il faut s'ouvrir l'esprit et se poser les vraies questions. Je me mets dans la peau d'un client et Masson-Montebello, il va trouver ça long. Un trajet Plaisance-Montebello serait l'idéal. »

Intérêt refroidi

Mme Dumas confirme par ailleurs que le nouveau propriétaire du Château Montebello, le groupe immobilier chinois Evergrande, a déjà signifié son intérêt pour investir dans le projet du train à vapeur. Elle ajoute toutefois que le projet tel que présenté n'est pas concluant pour les propriétaires de l'hôtel. « Sans vouloir parler pour eux, ils n'investiront pas d'argent dans le projet tel qu'il est présenté actuellement. Ce n'est pas concluant. Ils demeurent très intéressés, mais si le projet avait été extraordinaire, ils auraient déjà sauté à pieds joints dans l'aventure. Ce n'est pas le cas. Pour l'instant, leurs analystes jugent que le projet n'est pas concluant. Le comité devrait peut-être laisser le soin à un investisseur de décider s'il préfère un départ à Masson ou à Plaisance. »

En tant que femme d'affaires, Mme Dumas dit comprendre ses patrons. « Il faut mettre de l'avant un projet logique qui offre la meilleure expérience possible aux clients, dit-elle. Là, on prévoit faire rouler le train sur une distance trop grande. On veut compenser en le faisant rouler plus vite et pour éviter que le client s'ennuie, on veut faire de l'animation dans les wagons. Si c'était mon argent, je ne le mettrais pas dans ce projet. En partant de Plaisance, par contre, les risques d'affaires seraient diminués. Il y a moins d'investissements à faire sur les rails et le client aura juste le temps d'être en extase avec son expérience train. C'est ça qu'il faut. En partant de Plaisance, le projet de train serait beaucoup plus facile à vendre à des investisseurs privés. »



Subvention bloquée

Le maire de Montebello, Luc Ménard, affirme que le point de départ du train n'a pas d'importance pour lui, tant qu'il se rend dans sa municipalité, l'un des trois pôles touristiques majeurs identifiés dans la région. « C'est certain que le départ du président du comité, la semaine dernière, soulève un questionnement, dit-il. Une chose est claire, Tourisme Outaouais préfère un départ à Plaisance, plutôt qu'à Masson. »

La directrice générale de Tourisme Outaouais, France Bélisle, confirme que le comité du train a fait une demande pour une subvention de 50000 $ afin de poursuivre les études de son projet. « L'argent est sur la table, mais nous avons posé quatre conditions, précise-t-elle. Avant que TO réinvestisse de l'argent public dans ce projet, le comité devra faire la démonstration que l'argent servira à un projet viable. » Le comité du train doit répondre à ces exigences d'ici le 31 août prochain.