La fierté francophone

De gauche à droite: le député Grant Crack; Tom Manley; Georgette Sauvé; Nancy Berniquez, la mère de Katherine Levac; Lorraine Dicaire; Marie-Ève Chartrand; Léa Pascal; et la ministre Madeleine Meilleur.

Le Banquet de la francophonie de Prescott et Russell a rendu un vibrant hommage à quatre nouveaux venus à l'Ordre de la francophonie, soit Lorraine Dicaire, Tom Manley, Léa Pascal et Georgette Sauvé, ainsi qu'aux deux récipiendaires des Prix Jeunesse Thomas-Godefroy, Katherine Levac et Marie-Ève Chartrand.


Pour la 17e édition de l'événement, tenue devant une salle comble de 340 convives, samedi, à Rockland, le thème choisi était particulièrement évocateur: «Ma francophonie: pour diffusion immédiate».

«Pour diffusion immédiate, c'est qu'on est là! On est fiers. On prend notre place et on rayonne partout», a expliqué la présidente du comité organisateur, Nathalie Ladouceur.



L'ancien chef d'antenne du Téléjournal Ottawa-Gatineau et animateur au micro d'Unique FM, Michel Picard, était l'invité d'honneur de la soirée, un peu plus de 10 ans après avoir été lui-même admis au sein de l'Ordre de la francophonie. Lors de son discours, il a pris soin de préciser que le Banquet de la francophonie n'est pas une tribune pour la politique, mais bien une occasion de souligner l'apport de tous les francophones et francophiles.

«Je dois vous dire que je suis Franco-Ontarien de coeur et Canadien-français de choix», a lancé M. Picard, poursuivant en faisant siennes les paroles de l'ancien chef du Parti libéral du Canada, Michael Ignatieff, invité d'honneur d'une précédente édition du banquet.

«Il m'a dit quelque chose d'extraordinaire [...] sur la francophonie englobante, a-t-il raconté. Celle qui ne déteste pas les anglophones. Celle qui intègre les immigrants. La francophonie, pour moi, c'est ça. Ce n'est pas être contre quelqu'un, c'est être avec quelqu'un.»

Bien que la politique n'ait pas été invitée, le dossier du Collège d'Alfred a été évoqué à quelques reprises, notamment par la procureure générale de l'Ontario et ministre déléguée aux Affaires francophones, Madeleine Meilleur. Au début du mois, La Cité a annoncé qu'elle prenait en charge les programmes agroalimentaires du Collège d'Alfred. «Je me permets de souligner le renouveau d'une institution très importante dans l'est de l'Ontario, mais aussi dans tout l'Ontario, le Collège d'Alfred, qui va connaître un avenir des plus prometteurs grâce à La Cité. [...] Je suis fière de cette avancée significative», a déclaré la ministre Meilleur.



Pour la petite histoire, c'est au Collège d'Alfred qu'a eu lieu la première édition du Banquet de la francophonie, en mars 1999, devant quelque 200 personnes. Considéré comme l'un des pères de ce premier collège francophone en Ontario, Jean Poirier est aussi l'instigateur de cette fête de la francophonie. «À ce moment, je me disais: c'est plein de gens qui font des choses phénoménales. Nous, comme société, on ne prend pas le temps de dire bravo, de dire félicitations et de dire merci», a rappelé M. Poirier, qui a été honoré samedi soir.

Les organisateurs ont également tenu à souligner le départ de Francine Racette à titre de directrice générale du comité du Banquet. Mme Racette a oeuvré pendant huit ans au sein de ce comité.

LORRAINE DICAIRE: Trente-deux années de la vie de Lorraine Dicaire ont été dédiées à l'enseignement en français. À titre de conseillère municipale de Russell, elle a grandement contribué à l'adoption du règlement sur l'affichage bilingue. Parmi ses nombreuses réalisations, en 2007, elle a été la première femme à occuper le poste de présidente de l'Association française des municipalités de l'Ontario. «Transmettre la fierté d'être francophone dans ma famille et dans ma communauté a toujours été primordial pour moi», a-t-elle déclaré.

TOM MANLEY: Issu d'une famille unilingue anglophone, Tom Manley a fréquenté des écoles francophones parce que ses parents avaient à coeur le bilinguisme. En 2007, il a repris l'entreprise familiale, Homestead Organics, qui fait la transformation et la mise en marché de grains biologiques et donne des conseils et de l'information aux agriculteurs. Depuis 2014, le francophile s'implique dans le dossier de la survie du Collège d'Alfred. «Je vous invite à continuer d'avoir cet optimisme pour l'avenir. [...] Nous voyons grand et nous y arriverons», a souligné M. Manley.

LÉA PASCAL: Créatrice de la maison de production qui porte son nom, Léa Pascal diffuse des histoires sur les Franco-Ontariens partout à travers le Canada,. Elle est notamment derrière la nouvelle série J'habite ici (TV5-Unis). «J'ai toujours aimé écrire et m'exprimer dans cette belle langue, a-t-elle déclaré. J'ai cette chance extraordinaire de raconter des histoires depuis près de 20 ans, en français.»

GEORGETTE SAUVÉ: Enseignante et bibliothécaire de carrière, Georgette Sauvé a toujours bien défendu ses convictions franco-ontariennes. En 2012, notamment, elle a insisté pour que le conseil municipal de Glengarry-Sud refuse d'adopter un règlement visant à proscrire l'affichage bilingue. Elle s'est aussi battue pour que l'Hôpital de Cornwall maintienne ses politiques d'embauche qui préconisent le bilinguisme. Georgette Sauvé a profité de son discours pour inviter la population au concours d'humour LOL qui se tiendra le 28 mai. «Je peux vous dire qu'il y a du talent chez nous. Il faut maintenant assurer un suivi à tout ça. Je veux, moi, qu'on ait d'autres Katherine Levac.»



KATHERINE LEVAC: Comédienne et humoriste émergente, Katherine Levac fait fureur avec son personnage de Paige Beaulieu, une Franco-Ontarienne stéréotypée. La jeune humoriste originaire de St-Bernardin s'est fait connaître à En route vers mon premier Gala Juste pour rire et était de la distribution de SNL Québec sur les ondes de Télé-Québec. Il y a peu de temps, elle s'impliquait auprès de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO), et avec l'équipe d'improvisation de l'école secondaire catholique régionale de Hawkesbury. «Pour moi, le prix Thomas-Godefroy est très important parce que c'est un message que ça nous envoie, à nous les jeunes, que ce qu'on fait est bon. C'est un coup de pouce qu'on a besoin pour continuer, parce qu'on commence notre vie et on a besoin d'encouragement», a-t-elle déclaré par vidéo. Sa mère Nancy Berniquez était sur place pour accepter le prix en son nom.

MARIE-ÈVE CHARTRAND: Bien qu'elle ne soit âgée que de 18 ans, Marie-Ève Chartrand est déjà une leader au sein de la communauté. Présidente de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO), elle agit à titre de porte-parole des élèves des écoles secondaires locales, dont la sienne, l'école secondaire catholique de Casselman. En février, elle a participé à une conférence de presse réclamant à la première ministre de l'Ontario, Kathleen Wynne, la mise sur pied d'une université franco-ontarienne. En 2014, elle a siégé au Parlement jeunesse francophone de l'Ontario. Avec la FESFO, elle participe à plusieurs tables de discussion sur les enjeux de la jeunesse. «Ma génération n'a pas vécu les grandes luttes franco-ontariennes du passé. Par contre, ma génération n'est pas dépourvue de luttes. On n'a qu'à penser à la demande pour une université franco-ontarienne, à la nécessité qu'Ottawa devienne une ville bilingue. Ce sont toutes des luttes qu'on doit mener jusqu'au bout.»