La majorité des boues d'épuration produites à la station d'épuration de Granby prenait autrefois le chemin du site d'enfouissement. En 2014, pas moins de 91,5 % de cette matière, aussi appelée biosolides, a plutôt pris le chemin des champs, où elle fait office d'engrais, selon le coordonnateur à la division du traitement des eaux aux services techniques, Claude Ouimette. «Nos déchets sont devenus un engrais. C'est juste une question de perception», a-t-il fait valoir en entrevue à La Voix de l'Est.
La valorisation agricole des boues municipales, produit de la filtration des eaux usées, n'est pas nouvelle, selon les informations recueillies auprès du ministère du Développement durable, Environnement et Lutte contre les changements climatiques. Les premières études agronomiques et environnementales du recyclage des boues au Québec ont débuté au milieu des années 1980. Les villes de Hull, Saint-Hyacinthe et Victoriaville entre autres ont participé à ces recherches.
À Granby, un faible pourcentage des boues - environ 15 % - était utilisé depuis le début des années 2010 à titre de matière fertilisante agricole. Une situation qui consternait Claude Ouimette, alors qu'il a déjà lui-même été propriétaire d'une firme spécialisée dans la valorisation des boues à une autre époque. La tendance s'est toutefois inversée à partir du moment où la Ville a créé un nouvel appel d'offres. «Ça a suscité un intérêt auprès des firmes spécialisées dans la valorisation des boues. Avant, il n'y avait que les sites d'enfouissement qui soumissionnaient», dit le coordonnateur.
Important contrat
La station d'épuration produit annuellement près de 24 000 tonnes métriques de boues d'épuration. C'est le Centre de traitement de la biomasse de la Montérégie (CTBM), à Saint-Pie, qui a obtenu en 2014 le contrat de disposer des biosolides de Granby au coût de 1,7 million $. Le contrat a été reconduit en 2015. Pour l'heure, la Ville préfère y aller une année à la fois, car les boues seront éventuellement prises en charge par le futur centre de tricompostage qui devrait voir le jour en Haute-Yamaska, explique Claude Ouimette.
Selon le service des finances de la Ville, il en a coûté entre 150 000 $ et 200 000 $ de moins en 2014, comparativement à 2013, pour valoriser les boues plutôt que les enfouir. «Ça fait de l'engrais en plus, c'est positif», se réjouit M. Ouimette.
Ce dernier précise qu'une faible proportion des boues - 8,5 % - termine encore au site d'enfouissement, «car il y a des périodes où la boue n'est pas idéale» pour la valorisation. Le coordonnateur en environnement de la Ville, Serge Drolet, souligne de son côté que l'enfouissement des boues usées contribue à la production de gaz à effet de serre, alors qu'il en va autrement avec leur utilisation dans les champs. «Elles ont de l'azote et du phosphore qui nourrissent la terre. C'est une action environnementale hyper intéressante», juge-t-il.
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