Loto-Québec cache son jeu

Loto-Québec fait régner une opacité presque complète sur les détails entourant ses récents investissements de quelque 47 millions$ au Casino du Lac-Leamy.


Alors que le concept de «transparence» occupe grandement le ministre Jean-Marc Fournier, qui planche actuellement sur une refonte de la Loi d'accès à l'information, et que le gouvernement multiplie les mesures d'austérité afin de contrôler ses dépenses, Loto-Québec refuse catégoriquement de préciser comment il a utilisé les dizaines de millions de dollars de fonds publics pour rafraîchir sa maison de jeu de Gatineau.

En juin 2012, la société d'État annonçait que des travaux de 47,4 millions$, échelonnés en quatre phases, allaient être lancés afin de faire du Casino du Lac-Leamy, un «casino du futur», plus concurrentiel. Le but avoué de Loto-Québec pour justifier une telle dépense est d'attirer la clientèle âgée entre 20 et 34 ans et de séduire à la fois «la clientèle d'aujourd'hui et de demain».



Un lustre immense, un hall d'entrée rénové, un nouveau salon des hautes mises, un ruban multimédia d'une hauteur de 20 pieds, une nouvelle aire de jeu ultramoderne appelée «la Zone» et une nouvelle boîte de nuit, ouverte deux jours par semaine, où le glamour doit côtoyer certains des plus grands DJ de la planète, sont tous des éléments qui doivent éventuellement ramener la clientèle qui a déserté le Casino du Lac-Leamy au cours des dernières années. De 2007 à 2012, le casino a enregistré une baisse de sa clientèle de 14,5%.

En juin 2013, Loto-Québec inaugurait sa nouvelle aire de jeu la Zone, et en octobre dernier, c'était au tour de la boîte de nuit ALÉA d'accueillir sa «clientèle haut de gamme».

Des dépenses secrètes

La direction du casino a toujours refusé de détailler les dépenses associées à l'implantation de son nouveau concept, se réfugiant derrière une somme totale de 47,4 millions$. LeDroit s'est donc tourné vers la Loi d'accès à l'information afin de connaître en détail les coûts associés à la rénovation de l'établissement, mais en vain. Loto-Québec refuse toute divulgation d'information.



La société d'État cite certains articles de la Loi pour maintenir l'opacité dans ce dossier. Selon Loto-Québec, la publication de telles informations «porterait sérieusement atteinte aux intérêts économiques de l'organisme», et nuirait «de façon substantielle à sa compétitivité».

Le directeur des communications de Loto-Québec, Jean-Pierre Roy, répète qu'il n'est pas question pour la société d'État de s'exposer d'une telle façon devant ses principaux concurrents. Il précise que Loto-Québec a fait connaître le montant total lié aux investissements au Casino du Lac-Leamy, mais que l'explication n'irait pas plus loin.

«Nous sommes en concurrence directe avec Rideau-Carleton et le casino mohawk d'Akwesasne, rappelle M.Roy. C'est une concurrence qui va d'ailleurs s'intensifier dans les prochaines années. Ils voudraient bien savoir exactement ce que nous faisons, comme nous voudrions aussi savoir ce qu'ils font. C'est pour cette raison que nous n'allons pas ventiler nos dépenses au Casino du Lac-Leamy.»

En collaboration avec William Leclerc, La Presse