Le président et directeur général par intérim de la Soupière, Joseph De Sylva, a créé une forte commotion jeudi matin en annonçant la fermeture de l'organisme qui est devenu une véritable institution, à Gatineau, depuis les années 1980.
Selon M. De Sylva, qui a pris la relève de la direction générale en février dernier, la Soupière était mal administrée au cours des dernières années, surtout depuis la perte de son permis d'organisation de bingos. Cette activité rapportait 100 000 $ par année à l'organisme. De plus, la Soupière a dû verser près de 200 000 $ aux gouvernements du Québec et du Canada, parce que l'administration précédente n'avait pas transmis l'impôt prélevé sur les salaires des employés.
« On a découvert que les déductions à la source des employés n'avaient pas été payées et que les factures des deux gouvernements traînaient dans le fond des tiroirs, dit-il. Les gouvernements nous courraient après pour que l'on paie cette facture de 120 000 $. Devant cette situation, nous avons emprunté de l'argent à la Caisse Desjardins en hypothéquant notre édifice de la rue Notre-Dame, qui était payé. Les gouvernements ont continué à fouiller et ils nous ont envoyé une facture supplémentaire de 72 000 $. On a fait des arrangements pour payer graduellement, à raison de 6 000 $ par mois. Nous devons aussi 92 000 $ à nos fournisseurs.
« J'étais bénévole au conseil d'administration et quand j'ai pris la relève à la direction générale, j'avais espoir de redresser la situation, mais je ne connaissais pas la situation financière réelle », se désole M. De Sylva.
Le sort final de la Soupière sera décidé par le conseil d'administration, la semaine prochaine, mais Joseph De Sylva prévoit que l'organisme n'aura d'autre choix que de déclarer faillite. Des employés ont été mis à pied mercredi. Les autres demeurent en poste pour servir les petits-déjeuners dans les écoles.
Les services présentement offerts par la Soupière de l'amitié pourraient être redistribués parmi les autres organismes du milieu. Les petits-déjeuners offerts dans les écoles sont assurés jusqu'au 13 juin, date à laquelle ils devaient se terminer de toute façon en raison de la fin de l'année scolaire. Les responsables tenteront ensuite de trouver un autre organisme qui pourrait prendre en charge ces petits-déjeuners à la rentrée des classes, en septembre.
Jeudi, M. De Sylva a indiqué que les dîners pourraient être offerts au local de l'Amicale des handicapés de l'Outaouais, à l'angle du boulevard Labrosse et de la rue Notre-Dame, à compter de mardi, du moins sur une base temporaire.
Onde de choc chez les utilisateurs
Les clients de la Soupière de l'Amitié sont sous le choc, à la suite de l'annonce de la fermeture de cet organisme qui vient en aide aux gens du Vieux-Gatineau depuis plus de 25 ans.
Les personnes que LeDroit a rencontrées au petit édifice de la rue Notre-Dame, jeudi midi, venaient tout juste d'apprendre la nouvelle.
C'est le cas d'une dame qui désirait garder l'anonymat et qui était accompagnée de deux jeunes filles.
« Moi, je ne viens pas souvent ici, mais les filles de mon conjoint viennent presque tous les jours avec leur père. Pourquoi ça ferme ? Je ne sais pas où les gens vont aller maintenant. »
Pour sa part, Frédéric Tremblay mange à la Soupière de l'Amitié tous les jours afin de rencontrer des gens. « Ça nous fait sortir de notre coquille. Je donne un petit coup de main lorsque les camions de livraison arrivent. Je suis capable de me nourrir, mais ici, il y a des gens qui n'y arrivent pas et ils comptent sur la Soupière. »
Une jeune femme qui est venue manger à la Soupière avec son bébé était surprise d'apprendre la fermeture prochaine. « Je viens ici parce que mon mari est étudiant et que nous ne vivons que sur un seul revenu, alors je suis ici chaque vendredi. Je ne sais pas ce que je vais faire maintenant », dit-elle.
Nicole Quintal, qui est bénévole au comptoir de dépannage d'urgence, espère pouvoir continuer son travail dans un autre établissement. « On espère continuer ailleurs, car les besoins sont bien réels. On vient directement en aide à 100 personnes par semaine au petit marché, en leur donnant de la nourriture », a expliqué Mme Quintal, qui se dit prête à continuer son travail si le service est relocalisé dans un autre édifice.