En 10 ans, le coût d'un panier d'épicerie basé sur une sélection de 31 items à Gatineau a augmenté de près de 45 %, alors que le même panier a connu une hausse d'approximativement 22 % durant la même période à Ottawa.
Ce qui fait que le panier d'épicerie à Gatineau est passé de 97,72 $ en 2004, à 141, 67 $ en 2014. Une hausse de 44 $.
Tandis qu'à Ottawa, les 31 items identiques à ceux achetés à Gatineau qui se vendaient au coût de 111,81 $ il y a 10 ans, se chiffrent aujourd'hui à 136,67 $, en hausse de 25 $.
C'est ce qui ressort d'une enquête réalisée par LeDroit qui a visité le même jour deux magasins d'alimentation de la même bannière, un à Ottawa et l'autre à Gatineau.
Les items choisis pour remplir notre panier d'épicerie sont exactement les mêmes que nous avions choisis en 2004 pour ce même exercice. Ils varient d'un sac de quatre litres de lait à une douzaine d'oeufs, en passant par le beurre, des légumes, du sucre, du poulet, du café, etc. Bref, les items qui sont généralement les plus en demande.
Bien que cette enquête ne soit pas scientifique, elle demeure tout de même un bon coup d'oeil sur la situation. Et afin d'établir une comparaison la plus solide possible, LeDroit a choisi, comme en 2004, des supermarchés de la bannière Loblaws, l'une située dans le secteur Vanier, à Ottawa, et l'autre dans le secteur du Plateau, à Gatineau.
Seuls des produits de marques nationales (et non des produits maisons) ont été choisis, Les prix indiqués dans le tableau qui apparaît dans cette page sont les prix réguliers de ces items avant les taxes, et non les prix en solde qui étaient affichés sur certains de ces produits lors du passage du Droit.
Certains produits ont connu une hausse de prix vertigineuse au cours de la dernière décennie. Comme le café instantané (Nescafé Rich), qui, à Gatineau, est passé de 3,49 $ pour 200 grammes en 2004, à 7,49 $ pour 150 grammes aujourd'hui. Oui, le coût de ce produit a doublé et, de plus, il se vend aujourd'hui dans un format réduit.
Le 4 litres de lait 2 % (Neilson en Ontario et Sealtest au Québec) est passé de 4, 79 $ en 2004 à 6,18 $ en 2014, à Gatineau. À Ottawa pendant ce temps, son prix a chuté en dix ans de 4,59 $ à 3,97 $.
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Alors qu'il était plus avantageux pour les consommateurs ottaviens et gatinois de faire leur commande d'épiceries du côté québécois, il y a 10 ans, c'est aujourd'hui le contraire. Un revirement qui surprend le président de l'Association coopérative d'économie familiale de l'Outaouais (ACEF), Eloï Bureau.
« La hausse, on la remarque ici bon an mal an, lance-t-il. C'est toujours plus élevé que l'indice des prix à la consommation. Ceci dit, cette comparaison entre Ottawa et Gatineau et cette hausse des prix du côté québécois me laisse bouche bée. »
M. Bureau note également la date choisie (le 2 avril) pour cette mini-enquête du Droit. Car une étude d'une durée d'un an réalisée par l'ACEF des Basses-Laurentides conclut que les prix à l'épicerie sont toujours plus élevés en début de mois parce que - selon cette étude - les prestations gouvernementales comme l'aide sociale sont accordées à cette période.
« C'est un peu scandaleux comme pratique, déplore M. Bureau. Parce que ce sont des prestations de dernier recours chez des gens qui ont justement le moins d'argent à gaspiller. Mais puisque les grandes bannières savent que leurs ventes sont plus élevées en début du mois, ils ont moins tendance à afficher des spéciaux ou des prix plus bas. »
Les Ottaviens gagnants
Ce sont les résidents d'Ottawa qui sortent grands gagnants de cette « enquête ». Il y a 10 ans, ils payaient considérablement plus cher pour leur alimentation que leurs voisins gatinois. Mais aujourd'hui, ce sont les Ontariens de la capitale qui peuvent bénéficier de prix généralement plus bas. Et, de plus, les salaires sont en moyenne plus élevés en Ontario qu'au Québec. Gagnants-gagnants, quoi.
Sylvain Charlebois, professeur en distribution et politique alimentaire à l'Université de Guelph, en Ontario, explique ce revirement avantageux pour les Ottaviens par une guerre de prix qui aurait éclaté en Ontario.
« Il y a présentement une véritable guerre de prix en Ontario, surtout dans la région de Toronto dit-il. Mais c'est probablement la même chose à Ottawa. On voit de plus en plus de loss leader (produit d'appel) en magasin, soit un produit alimentaire - un produit laitier surtout - vendu à perte pour l'utiliser comme appât pour garder le consommateur dans le magasin afin qu'il achète un autre produit à marge plus élevée. Le yogourt, par exemple, est vendu à Toronto en format ordinaire à environ 1,70 $, alors qu'il se vendait à 2 $ et même 3 $ il y a deux ans. Donc on voit qu'il y a en Ontario une véritable guerre de prix actuellement qui n'existe pas au Québec. Et puisque la compétition est plus féroce en Ontario, les détaillants sont parfois obligés de réviser leurs prix à la baisse, surtout au cours des 12 derniers mois. »