Perpétuer la mémoire de Terry

Fred Fox, le frère  de Terry Fox, est porte-parole de la fondation qui porte le nom de son cadet. Chaque année, il prononce entre 80 et 100 conférences d'un océan à l'autre.

Le 28 juin 1981, Terry Fox, le coureur unijambiste canadien de 22 ans qui s'était donné comme mission titanesque de traverser le Canada à la course pour amasser de l'argent pour la recherche contre le cancer, rendait l'âme.


Avant que les médecins découvrent que le cancer qui avait rendu nécessaire l'amputation de sa jambe droite, en 1977, s'était rendu à ses poumons, il avait  amassé un million de dollars. Quand la maladie a mis un terme à son «Marathon de l'espoir», ce montant s'est par la suite élevé à plus de 23 millions$.

C'est le 2 septembre 1980, alors qu'il était rendu à Thunder Bay, en Ontario, que Terry Fox a annoncé aux journalistes, les yeux remplis de larmes, qu'il devait abandonner sa course. Il est décédé chez lui, en Colombie-Britannique, neuf mois plus tard.



Aujourd'hui, d'innombrables écoles, routes et lieux publics partout au Canada et dans le monde portent le nom de Terry Fox. Et sa mémoire est honorée chaque année, au mois de septembre, lorsque des dizaines de milliers de gens de plus de 30 pays participent à la course Terry Fox, le plus grand événement mondial de financement pour la recherche sur le cancer. Cette année, cette course se tiendra dimanche le 15 septembre.

Le frère aîné du jeune héros canadien, Fred Fox, qui est porte-parole de la Fondation Terry Fox, était de passage à Gatineau, jeudi, pour faire la promotion de cette course annuelle et pour donner trois conférences dans des écoles de la région.

LeDroit l'a rencontré.

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LeDroit: Donnez-vous beaucoup de conférences dans les écoles du pays?

Fred Fox: De 80 à 100 par année, d'un océan à l'autre.

LD: Et quel est le message que vous transmettez aux jeunes?

FF: Que Terry était un gars comme eux. Qu'il était comme tous les jeunes de son âge. Rien n'était facile pour lui en raison de son handicap, mais il faisait toujours de son mieux pour atteindre ses objectifs. Donc, le message aux jeunes est: faites de votre mieux, soyez déterminés, n'abandonnez jamais vos rêves malgré les nombreux obstacles que la vie peut mettre sur votre chemin, et terminez ce que vous commencez. Allez jusqu'au bout de vos rêves. Tout est possible quand on y croit vraiment. Terry l'a prouvé.

LD: Est-ce que vous vous souvenez de votre réaction quand Terry vous a annoncé qu'il allait courir d'un bout à l'autre du Canada pour amasser des fonds pour la lutte contre le cancer?

FF: Terry et moi étions très proches, nous n'avions que 14 mois de différence. Nous étions toujours ensemble et nous nous connaissions très bien. Donc lorsqu'il m'a parlé de son rêve, je lui ai dit: «C'est fantastique. Vas-y et fais de ton mieux. Amuse-toi, et on se reverra à ton retour.» Personne ne pouvait imaginer l'ampleur que son Marathon de l'espoir allait prendre. Ça me semblait démesuré comme objectif, mais Terry était comme ça. Quand il décidait d'entreprendre un projet, il fonçait et allait jusqu'au bout. Il était passionné et n'abandonnait jamais. Le cancer lui avait coûté sa jambe droite et il était déterminé à gagner sa lutte contre cette terrible maladie. Et aujourd'hui, nous sommes tellement fiers de ce qu'il a accompli, il a touché et changé la vie de tellement de gens.



LD: Et la réaction de vos parents?

FF: La réaction de mon père fut la même que la mienne. Mais ma mère était contre cette course. Elle lui a dit qu'il était fou et lui a demandé: «Pourquoi courir d'un bout à l'autre du pays? Pourquoi ne débutes-tu pas ta course à la frontière de l'Alberta et de la Colombie-Britannique et la terminer au parc Stanley (à Vancouver). Comme ça, tu auras traversé la province et amassé de l'argent de cette façon-là." Terry lui a répondu: «Maman, le cancer ne s'arrête pas aux frontières de la Colombie-Britannique. Il touche directement ou indirectement tous les Canadiens. Je dois commencer ma course à Terre-Neuve pour la terminer ici, chez nous, en Colombie-Britannique.» Ma mère n'avait plus d'argument. Elle l'a laissé aller. Mais il ne passait pas une minute, durant la course de Terry, qu'elle ne s'inquiétait pas et qu'elle ne pensait pas à lui.

LD: Comment Terry a-t-il réagi, en 1977, quand les médecins lui ont annoncé qu'il était atteint du cancer et qu'on devait lui amputer la jambe droite?

FF: Il n'avait que 18 ans, il était bouleversé, atterré. Il a beaucoup pleuré. Mais à peine quatre jours après son opération, il a réalisé que la vie continue et qu'il allait trouver le positif dans tout ça. Les médecins lui avaient dit qu'il n'avait que 25% de chance de survivre au cancer. Et je crois qu'il savait que le cancer était revenu lorsqu'il courait son Marathon de l'espoir. Je crois qu'il le savait bien avant qu'il arrive à Thunder Bay, où les médecins l'ont obligé à abandonner sa course. Mais il était si déterminé que rien n'allait l'arrêter. Sauf le retour du cancer.

LD: La Fondation Terry Fox amasse combien d'argent par année?

FF: En moyenne, de 23 à 24 millions$ annuellement.

LD: Tous les jeunes d'aujourd'hui connaissent l'histoire de Terry Fox, plus de 32 ans après sa mort. Ça vous surprend?

FF: Non, pas du tout. Son histoire a été relatée de génération en génération et elle est maintenant enseignée dans pratiquement toutes les écoles au pays. Son exemple de courage peut servir dans tous les domaines. Il y a eu des livres, des vidéos et des films sur la vie de Terry. Mon frère fait maintenant partie de l'histoire et de la culture canadienne. Et ma famille et moi en sommes extrêmement fiers.»