«Je vais toujours à la LCBO. Il y a un meilleur choix et les prix sont plus bas, surtout pour les mousseux. Dans certains cas, on économise jusqu'à 5$ par bouteille. Je ne comprends pas pourquoi on paie plus cher et qu'en plus, on n'a pas droit à la même sélection», laisse tomber Johanne Bilodeau, indignée d'apprendre que même des produits fabriqués au Québec sont plus dispendieux que dans la province voisine.
Le Gatinois André Samson a jeté la serviette en tant que consommateur. «Le Québec a toujours été derrière tout le monde. C'est frustrant, mais que peut-on y faire? C'est un monopole! Je vais parfois acheter du vin à la LCBO, grâce à la proximité", dit-il.
Rencontrée à la SAQ Classique du boulevard Maloney, Madeleine Bergeron offre un tout autre son de cloche. «Je suis Québécoise, alors par principe, j'effectue mes achats à Gatineau. Je ne crois pas que c'est réellement moins cher de l'autre côté. Je pense que ça s'équivaut au final. Le seul endroit où l'on va à Ottawa, c'est au IKEA!»
Quant à Stéphane Boily, il a esquissé un sourire en constatant les résultats de l'enquête. «Je traverse assez rarement la rivière pour faire l'achat d'alcool, dit-il. Alors, ça me réconforte de voir que l'écart n'est pas si grand.»
En mai dernier, une demande d'autorisation de recours collectif contre la SAQ a été déposée en Cour supérieure par un amateur de vin montréalais. Jean-René Jasmin juge qu'il y a une disproportion énorme entre le prix payé par la Société d'État et le prix affiché sur les tablettes. La firme BGA Avocats, qui pilote ce dossier, n'a pas retourné nos appels.
Pour l'avocate chez Option Consommateurs, MeDominique Gervais, le dossier est complexe, mais mérite des explications claires. «Les Québécois ont droit à des prix justes et équitables. On s'interroge avec raison sur la SAQ. Si elle a de bonnes justifications, tant mieux, sinon, on a le droit de la critiquer», souligne-t-elle.