La direction a cependant refusé de dévoiler le coût d'implantation du concept, qui est une première nord-américaine. « Pour des raisons de confidentialité et de concurrence, nous ne sommes pas prêts à donner des chiffres », a d'emblée affirmé le directeur général des casinos du Lac-Leamy et de Mont-Tremblant, Alain Miroux.
Alliant technologie multimédia, réseau de jeux électronique et interaction sociale, le salon avant-gardiste comprend 40 bornes interactives. À partir de chacune de celles-ci, les invités peuvent jouer alternativement à des jeux tels que le black jack, le baccara, la roulette ou l'un des jeux de machines à sous. Musique, jeux de lumières, résultats affichés en direct sur un écran géant et animateurs de foule ajoutent aussi à l'ambiance pour offrir une expérience unique, et ce en solo ou en groupe, promet la maison de jeu.
L'établissement, qui emploie 1600 personnes, soutient qu'aucun croupier n'a perdu son emploi ou vu son titre être modifié avec l'ouverture de cette nouvelle aire de jeu. De plus, malgré le réaménagement des lieux, aucune table de jeu traditionnelle n'a été retirée du casino.
Au contraire, selon M. Miroux, qui a refusé d'aborder la question salariale, une douzaine de préposés aux jeux électroniques (appelés pages) ont été embauchés. « On a créé un nouveau corps d'emploi. (...) Mais on est là pour parler d'un nouveau produit qu'on a mis sur pied pour offrir une nouvelle forme de divertissement », a-t-il dit, visiblement agacé par les questions ne portant pas directement sur l'annonce du jour. Un porte-parole a d'ailleurs mis fin abruptement à la mêlée de presse après trois minutes.
Invité à réagir, le Syndicat des croupiers du Casino du Lac-Leamy a décliné la demande d'entrevue du Droit, un porte-parole se limitant à dire que le dossier est au stade d'évaluation.
Le directeur général ignore si le concept prendra de l'ampleur dans les mois à venir. « On est une entreprise commerciale. Nous sommes toujours à l'affût des nouveaux jeux, des demandes de la clientèle. Si vous me demandez ce que le futur nous réserve, je ne peux vous répondre, je n'ai pas de boule de cristal », a indiqué celui qui est en poste depuis avril.
Chose certaine, à moyen ou long terme, le concept sera aussi implanté dans les trois autres casinos québécois, mais aucun échéancier n'a encore été fixé par Loto-Québec.
M. Miroux a esquissé un léger sourire lorsqu'interrogé sur le fait que la Ville d'Ottawa a abandonné son projet de casino au centre-ville. « On a quand même de la compétition. On ne contrôle pas ce que nos amis du côté ontarien font, alors s'il y a un casino dans le futur, on agira en conséquence, a-t-il dit, balayant aussi du revers de la main la thèse que la Zone ait été mise sur pied pour hausser les revenus de l'établissement. Ce n'est pas une réaction avec quoi que ce soit, il s'agit plutôt d'une réflexion mûrie sur l'orientation des casinos. »
Le quotidien La Presse révélait le mois dernier que le Casino du Lac-Leamy avait enregistré une baisse de clientèle de 14,5 % entre 2007 et 2012.
L'activiste Bill Clennett n'est pas étonné que le casino soit qualifié ouvertement d'entreprise commerciale.
« On ne s'en cache plus. En commission parlementaire, c'était l'essentiel du message du pdg de Loto-Québec et des ministres des Finances et de la Santé. (...) C'est la vache à lait du gouvernement. Ce qui est étonnant, c'est qu'on a de moins en moins l'impression que l'État a aussi la responsabilité de la santé publique. Et les casinos constatent que les jeunes ne contribuent pas assez à leurs revenus, alors ils les ciblent. C'est préoccupant », lance-t-il, ajoutant que seul le temps nous dira si la stratégie se sera avérée fructueuse.
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