La lutte des gais et lesbiennes est loin d'être terminée

Ils étaient autrefois traités en criminels de la pire espèce. Puis, on leur a collé une étiquette de malades, comme si leur orientation sexuelle était une déviance. Si les homosexuels font aujourd'hui l'objet de moins de préjugés, la lutte des gais et lesbiennes est loin d'être terminée.


Professeur de criminologie à l'Université d'Ottawa, Patrice Corriveau a été la cible de propos homophobes, pour une simple question de style vestimentaire, alors qu'il poursuivait ses études dans la région de Québec, à l'aube des années 2000.

Lors d'une soirée pour célibataires, alors qu'ils discutaient avec des femmes, il s'est carrément fait traiter de « fif » et de « crisse de tapette » par d'autres hommes. « Moi, ça ne m'a pas remis en question, mais je me suis mis dans la peau de quelqu'un qui se sait différent. »

Hétérosexuel, aujourd'hui père de famille, M. Corriveau s'est dès lors intéressé à la question de l'homophobie. « Et même quand j'ai commencé mes recherches, j'ai été victime d'homophobie », raconte-t-il.

Répression

Il estime malgré tout que la lutte à l'homophobie donne de plus en plus de résultats positifs. « Je persiste à croire que c'est de mieux en mieux. C'est de moins en moins tabou de parler de l'homosexualité. [...] Au Québec, c'est très répandu de voir des gais dans les téléromans, même si aux États-Unis, c'est encore très peu montré. »

Si les mariages gais sont désormais autorisés et reconnus par plusieurs États, la répression de l'homosexualité est encore bien présente dans plusieurs régions du monde. « La dernière étude rapporte qu'il y a au-dessus de 80 pays qui punissent les comportements homosexuels d'une forme ou d'une autre, et il y en a sept ou huit qui les punissent de la peine de mort », souligne M. Corriveau.

La Journée internationale contre l'homophobie, qui a lieu aujourd'hui, souligne la date où l'Organisation mondiale de la santé a retiré l'homosexualité de sa liste des maladies mentales, au début des années 1990. Cette année, la journée se déroule sous le thème Parler du silence - l'homophobie dans le monde du sport.