Il n'y avait pas non plus 20 000 spectateurs bruyantes autour de lui. Mais l'accueil avait de quoi épater quand même. Et le geste demeurait tout aussi spécial pour cet ancien joueur du Canadien de Montréal, toujours aussi vif d'esprit à l'âge de 84 ans.
Le chandail tricolore numéro 15 que portait Léo Gravelle entre 1946 et 1950 a été retiré de façon symbolique, hier après-midi, à Gatineau. Mieux, il a été hissé au plafond de la salle communautaire de Cité-Jardin, un complexe pour aînés dans lequel habitent l'octogénaire et sa conjointe Yolande depuis cinq ans.
Quelques minutes auparavant, M. Gravelle avait effectué son entrée pendant qu'une cinquantaine de résidents de l'endroit scandait son prénom. Qu'est-ce qui lui trottait dans la tête en voyant son chandail bleu-blanc-rouge, le numéro 15 et son nom de famille dessus ?
« Ça rappelle de beaux jours, a avoué Léo Gravelle, qui a déjà été le voisin de Maurice Richard dans le vestiaire du CH. Leurs conjointes respectives étaient aussi de bonnes amies.
Les dirigeants de Cité-Jardin tenaient à souligner sa simplicité, sa générosité depuis son arrivée. Mais surtout son engagement et ses nombreuses initiatives afin de créer un esprit d'équipe digne du milieu sportif. Il a assumé - en quelque sorte - un rôle de capitaine.
« Mon père a lancé la Ligue du vieux poêle. C'est un moment où les hommes peuvent se rencontrer pour parler de hockey, raconter leur semaine, leurs bobos, leurs souvenirs, a raconté son fils Pierre Gravelle.
« Puis il y a aussi mis sur pied la Soirée du hockey. Il a convaincu Cité-Jardin d'acheter une télé à écran géant. À chaque match des Canadiens, ils sont 10 à 15 personnes à regarder la partie ensemble. »
Moments émouvants
L'honneur rendu par les dirigeants de l'établissement a visiblement touché l'homme. Tout comme le contenu d'une lettre de Réjean Houle, à titre de président des anciens Canadiens. Ce dernier a rappelé que l'équipe avait misé sur plusieurs joueurs fiers au fil de son histoire.
« Des joueurs dévoués, dans la plus pure tradition de l'organisation, des hommes intègres, comme toi Léo, qui a fait des Canadiens une meilleure équipe et de ses coéquipiers de meilleurs citoyens, a écrit Houle. Sur la glace, ta rapidité n'avait pas d'égal, mais c'est tout autant par ton implication que tes coéquipiers se souviennent de toi. »
Aujourd'hui marque le 49e anniversaire de l'échange qui l'avait envoyé aux Red Wings de Détroit en retour de Bert Olmstead. Ce fut un dur coup pour celui qu'on surnommait la Gazelle en raison de sa vitesse.
Le dg des Wings, Jack Adams, avait décidé de vendre par la suite son contrat aux Sénateurs d'Ottawa de la Ligue senior du Québec. Il avait inclus une clause interdisant ce club de le refiler à une autre formation de la LNH.
Hier, la fierté d'Aylmer préférait se rappeler des jours plus heureux.
Il y a eu Léo, l'adolescent. Celui qui a « osé » jouer sur une patinoire extérieure dans les minutes qui suivaient la Messe de minuit. Puis il y a eu Léo, le porte-bonheur. L'histoire remonte à l'hiver dernier. Une vieille carte le mettant en vedette, trouvée par un jeune hockeyeur, a servi de cri de ralliement à une équipe bantam B d'Amos. Plus précisément le Carella.
« L'équipe ne gagnait pas jusque-là », a relaté M. Gravelle.
Surprise, le Carella s'est mis à goûter à la victoire, gagnant à la surprise de tous le championnat régional en Abitibi. Puis, il s'est présenté à Gatineau, le patelin du hockeyeur, pour un autre championnat, celui-là interrégional.
Les jeunes de l'équipe ont pris contact avec lui. M. Gravelle a décidé de leur rendre visite dans le vestiaire avant un match, leur servant notamment un discours de motivation. Le Carella a surpris à nouveau, remportant un autre championnat.
C'est ce genre d'anecdotes que Léo Gravelle partage avec d'autres hommes de son âge lors des activités de la Ligue du vieux poêle. Des anecdotes aussi qu'on peut retrouver sur son site web que l'un de ses sept fils, Denis, a mis en ligne au www.leogravelle.com.