Des planches de la scène à l'autel catholique

Charles Mignault deviendra, demain, « M. l'abbé Charles Mignault » et il a encore du mal à y croire.


Le comédien hullois, fils de l'ancien conseiller municipal et homme d'affaires Cartier Mignault, sera ordonné prêtre demain à l'église Saint-Joseph du secteur Hull et dimanche, il présidera pour la première fois un office religieux.

L'ordination d'un prêtre catholique est un événement rare de nos jours.

M. Mignault en est très fier, car c'est l'aboutissement d'un long processus.

« J'ai été comédien durant 20 ans, au théâtre, à la télévision et j'ai aussi tourné des publicités. Mais à partir de 1996, j'ai commencé à me questionner sur ma foi. J'ai été élevé dans la foi catholique, comme la plupart des Québécois de ma génération, et même si je n'ai pas pratiqué durant de nombreuses années, j'avais un besoin de spiritualité. Alors j'ai pensé à revoir mon héritage chrétien et je suis allé faire un stage de trois semaines au monastère d'Oka. C'était trop tôt pour moi, mais ça m'a motivé à aller prendre des cours de théologie à l'Université de Montréal, afin d'approfondir davantage mes connaissances. Finalement, j'y suis resté durant cinq ans et j'ai obtenu une maîtrise en théologie. Graduellement, le chemin se dessinait devant moi », explique M. Mignault.

L'ancien comédien reconnaît que c'est tout un changement de vie que de devenir prêtre à 55 ans.

Il sait qu'il perd une partie de sa liberté de parole.

« Maintenant, ma parole est celle de l'Église. On n'est pas prêtre pour soi-même. On n'est pas seul là-dedans. Parfois, je ne serai pas d'accord avec tout ce que dira l'Église, mais je serai solidaire. C'est un peu comme avec nos parents. On n'est pas toujours d'accord avec eux, mais on reste et on continue à les aimer », ajoute-t-il.

Long cheminement

Charles Mignault devient prêtre au bout d'une longue préparation et d'une très longue réflexion.

Il est retourné au monastère d'Oka durant huit mois pour s'apercevoir que ce n'était pas sa place, puisqu'il est un homme de parole et que le silence ne lui convient pas. « J'ai besoin de parler, de dialoguer, alors je ne suis pas vraiment à ma place chez les moines ».

Sa démarche l'a aussi amené à revenir dans la région de l'Outaouais, après plusieurs années à Montréal. Il a écrit au diocèse de Gatineau pour offrir ses services et il a entamé les démarches pour devenir prêtre.

« Je reviens dans mon patelin après 27 ans et c'est une expérience très enrichissante. On a commencé à m'appeler M. l'abbé Mignault et ça me surprend d'entendre ça ».

Charles Mignault deviendra donc curé dans un contexte bien différent de celui de son enfance.

« Nous sommes redevenus des missionnaires, car les jeunes n'ont presque plus de références religieuses. Il faut refaire l'évangélisation », a-t-il conclu.