Ambrose serait sur le point d'intervenir

La ministre du Travail Rona Ambrose serait sur le point d'ordonner aux 2300 grévistes d'OC Transpo de se prononcer sur la plus récente offre de la Ville, malgré l'opposition du syndicat.


Il s'est écoulé une semaine depuis que le maire d'Ottawa Larry O'Brien a demandé au fédéral d'intervenir afin de dénouer l'impasse. Depuis, personne au bureau de la ministre n'a été en mesure de dire si elle s'immiscerait ou non dans ce conflit qui paralyse la capitale depuis trois semaines.

Mais ce silence serait sur le point d'être rompu. Selon des sources au fait du dossier, la ministre pourrait intervenir dès aujourd'hui afin de demander aux syndiqués de voter, rapporte la chaîne CTV.

En vertu d'une clause rarement utilisée du Code canadien du travail, la ministre peut ordonner que la dernière offre contractuelle de la Ville fasse l'objet d'un vote parmi les syndiqués, au lieu d'être présentée par le syndicat.

La législation accorde également un droit de réplique à la section locale 279 du Syndicat uni des transports, qui peut se prononcer auprès de la ministre dans les cinq jours suivant le dépôt de la requête de la Ville. Le syndicat a donc jusqu'à minuit aujourd'hui pour plaider sa cause et expliquer pourquoi la ministre du Travail ne devrait pas forcer les grévistes à voter. Il a déjà fait savoir qu'il entendait demander à Rona Ambrose de demeurer neutre face à la dispute.

Hier, un porte-parole du premier ministre Stephen Harper, Kevin Ménard, s'est borné à dire que le bureau de la ministre Ambrose travaillait à l'élaboration d'une déclaration au sujet de la grève à OC Transpo.

Le ministre canadien des Transports et député d'Ottawa-Ouest-Nepean, John Baird, a également été interpellé afin de voir comment le gouvernement fédéral pourrait mettre fin à la grève. « Notre préoccupation est l'intérêt public. Les autobus doivent rouler le plus rapidement possible », a dit Chris Day, attaché de presse du ministre.

La grève a été déclenchée le 10 décembre par les 2300 chauffeurs, employés d'entretien et répartiteurs d'OC Transpo, privant ainsi des milliers d'usager de transport en commun dans la capitale.

Horaires de travail

Le principal point en litige concerne les horaires de travail pour quelque 200 travailleurs. La Ville veut reprendre la gestion des horaires, alors que le syndicat souhaite maintenir le système actuel, géré par les syndiqués, qui fonctionne selon l'ancienneté des employés.

La semaine dernière, la Ville avait indiqué qu'elle désirait que cette question soit réglée en arbitrage. Le maire O'Brien avait déclaré publiquement que le directeur municipal d'OC Transpo, Alain Mercier, en avait fait la demande au syndicat. Selon la Ville, le syndicat aurait refusé.

Mais le président de la section locale 279 du Syndicat uni des transports, André Cornellier, ne voit pas les choses du même oeil. Hier, il a nié cette affirmation. « Il n'y a jamais eu de discussion à ce sujet entre Alain Mercier et moi », a-t-il fait savoir. Il a ajouté que lors de négociations, le recours à un arbitre pour régler ce genre de problème complexe n'est pas la meilleure solution. Il a cité en exemple des décisions d'arbitres qui ont eu à régler des litiges avec les syndicats des pompiers, des paramédics et des policiers.

« Quand on fait appel à un arbitre, ce dernier n'examine pas ces choses-là. Il encourage plutôt les parties à les régler elles-mêmes. »

André Cornellier a précisé que son syndicat avait déjà fait preuve de flexibilité dans la gestion des horaires et que la Ville devrait faire de même. « Nous voulons que la Ville nous montre comment son système fonctionnerait et la manière dont il serait appliqué afin que nos membres soient traités de manière juste et équitable. Mais nous n'avons reçu aucun détail », regrette-t-il.

De son côté, la municipalité attend des informations additionnelles provenant du bureau de la ministre Ambrose.

Prêt à reprendre les négos

Le grand patron d'OC Transpo Alain Mercier s'est dit prêt à reprendre rapidement les négociations. « Si le syndicat veut s'asseoir, nous sommes là. Le 23 décembre, nous avons cessé de négocier à leur demande. »

En vue du retour au travail et à l'école la semaine prochaine, OC Transpo prévoit maintenant mettre sur pied de nouvelles solutions de transport afin d'accroître la fluidité dans la ville et les possibilités de stationnement pour les automobilistes, a assuré hier M. Mercier.

AVEC PHILIPPE ORFALI