Le «Doc EPO» ne pourra pratiquer à Gatineau

Dr. Maurice Duquette

L'orthopédiste Maurice Duquette, qui avait reconnu avoir prescrit des produits dopants à la cycliste Geneviève Jeanson, souhaitait venir pratiquer en Outaouais afin d'atténuer la pénurie de spécialistes.


Mais le Collège des médecins s'est opposé à son initiative.

Surnommé le « Doc EPO » du nom de cette substance dopante administrée à des athlètes d'élite, le docteur Duquette a confirmé au Droit qu'une entente lui permettant de travailler à l'hôpital de Hull s'était presque concrétisée. Les discussions devaient toutefois être tenues secrètes à cause de la suspension de huit mois qui lui a été imposée par le Collège des médecins dans l'affaire Jeanson.



Le Dr Duquette aurait ainsi « purgé » sa peine en Outaouais pendant sa radiation. Selon lui, l'offre de l'hôpital lui permettait de continuer à pratiquer durant sa radiation alors que son salaire aurait été versé à la Fondation du Centre de santé et de services sociaux de l'Outaouais (CSSSG).

Unanimité nécessaire

Toutefois, le Collège des médecins n'a jamais donné son accord à une telle entente. « Ça prenait l'unanimité au Collège mais semble-t-il qu'il n'y a pas eu unanimité », a-t-il laissé savoir au Droit. Il a également dit ne pas comprendre pourquoi cette affaire avait été ébruitée dans les médias.

L'Outaouais ne compte que trois chirurgiens orthopédiques en fonction alors qu'il en faudrait jusqu'à 10 pour répondre aux besoins de la population. La situation, qui était déjà très précaire, a été encore plus fragilisée par le départ forcé du Dr Gilles Dextradeur qui est en congé de maladie depuis cet automne. La pénurie de personnel a même entraîné la fermeture temporaire du service de garde en orthopédie à l'urgence de l'hôpital de Hull pendant 48 heures en septembre. Depuis, deux médecins « dépanneurs » viennent se joindre à l'équipe selon les besoins.



Le Collège des médecins a confirmé hier qu'il n'avait jamais donné son accord à cette entente entre l'orthopédiste et le CSSSG. Il ne commente pas publiquement le cas du Dr Duquette parce que le Conseil de discipline du Collège n'a pas encore rendu sa décision finale à la suite de la saga avec la cycliste québécoise. La cause est toujours en délibéré.

Au CSSSG, on confirme que le Dr Duquette a contacté l'établissement pour faire de la prospection. « Le CSSSG ne lui a jamais dit oui ou non. On lui a fait savoir que pour aller plus loin dans les discussions, il y avait un prérequis incontournable. Il devait s'entendre avec le Collège parce qu'il s'agit d'une situation très particulière. Il devait nous revenir et on attend toujours de ses nouvelles. On n'a rien refusé ni rien accepté », a expliqué Sylvain Dubé, porte-parole du CSSSG.

Si le Collège des médecins avait accepté la proposition, le Dr Duquette aurait été obligé de suivre le processus normal afin d'obtenir les privilèges de pratique, l'accord du département d'orthopédie, de la direction des affaires médicales, de l'exécutif du Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens et du conseil d'administration.

Le président du conseil d'administration de la Fondation du CSSSG, Antoine Normand, a confirmé que le nom du Dr Duquette avait bel et bien circulé en Outaouais.

« Je savais qu'il avait démontré un intérêt pour la région comme l'ont fait d'autres médecins

également. Son offre visant à verser son salaire à la Fondation ne s'est toutefois jamais rendue au niveau administratif car

je l'aurais su. Vous me l'apprenez. Je n'étais pas au courant », a-t-il dit.