« Il n'y a pas juste le secteur de l'auto, il y a aussi l'industrie forestière qui souffre », lance Gaston Carrière, président de la section 142 du Syndicat canadien de l'énergie, des communications et du papier (SCEP), qui regroupe 225 travailleurs à l'usine de pâtes et papier Abitibi-Bowater, à Gatineau.
« On a vécu deux fermetures d'usine dans la région. Le gouvernement pourrait aider ces gens-là. Le fédéral doit agir pour aider les travailleurs, mais aussi préserver les plans de retraite », déclare de son côté Maurice Parisien, permanent au SCEP, en référence à la fermeture de Domtar d'Ottawa-Gatineau et de Smurfit-Stone à Portage-du-Fort.
MM. Carrière et Parisien ont fait ces commentaires, hier, alors que des représentants de l'industrie forestière se sont rendus sur la colline du Parlement pour réclamer de l'aide totalisant 600 millions $ sur cinq ans. Le gouvernement de Stephen Harper doit adopter son budget le 27 janvier prochain.
Plus gros que l'auto
« Il y a plus d'emplois dans le secteur forestier qu'il y en a dans les secteurs de l'automobile et des banques combinés. Nous sommes capables d'être concurrentiels, mais on veut que le gouvernement crée un climat propice aux affaires », a souligné Avrim Lazar, président de l'Association des produits forestiers du Canada, qui représente 300 000 emplois directs et 12 % de l'activité manufacturière au pays.
De janvier 2003 à novembre 2008, l'industrie forestière a subi 39 000 licenciements et 207 fermetures d'usines au pays, selon les chiffres de l'association. En Outaouais, la perte se chiffre à 1500 emplois depuis deux ans.
« Si le fédéral n'agit pas, c'est sûr que nous perdrons d'autres emplois », prévient Avrim Lazar.
L'Association des produits forestiers dresse une liste de cinq demandes, en commençant par l'accès au crédit, avec des garanties de prêt, pour les entreprises solvables. L'industrie réclame aussi des crédits d'impôt pour stimuler l'investissement et l'innovation, ainsi que de l'aide au développement des marchés et la promotion des produits canadiens.
La moitié des 600 millions $ réclamés irait à faire du Canada un chef de file dans la transformation de résidus de bois en bioénergie et produits biochimiques. L'association propose enfin le prolongement du programme de travail partagé de l'assurance-emploi, au-delà de 38 semaines, ce qui permettrait de préserver des emplois en période de ralentissement économique.
Toutes ces mesures, selon Azrim Lazar, devraient permettre à l'industrie forestière canadienne de mieux se préparer, car il y aura un jour reprise économique et les marchés mondiaux auront encore besoin de nos ressources naturelles.