Au deuxième jour de la grève des 2300 employés d'OC Transpo, hier, le conseiller de l'est de la ville est d'avis que le gouvernement fédéral doit forcer les deux parties à retourner à la table des négociations, en déclarant le transport en commun un service essentiel à la population.
À ce stade-ci, le député libéral fédéral d'Ottawa-Vanier, Mauril Bélanger, n'est pas de cet avis, penchant davantage en faveur du respect du droit de grève.
« Les gens ont un droit à la grève et ce n'est pas parce que cela dérange que l'on doive leur enlever ce droit, dit-il. Je crois que nous devons être très prudents, surtout deux jours seulement après le déclenchement de la grève. »
« Ce qui est bon pour Toronto doit l'être pour Ottawa. Je ne vois pas pourquoi la capitale nationale serait traitée en municipalité de seconde classe », croit pour sa part M. Bloess.
Le conseiller fait référence à l'intervention du premier ministre ontarien, Dalton McGuinty, au printemps dernier, deux jours après le déclenchement de la grève de la Commission de transport en commun de Toronto, qui a ordonné le retour au travail.
En raison de la situation interprovinciale d'Ottawa, cette décision revient non pas à la province, mais au gouvernement fédéral. Le conseil municipal a décidé, pour l'instant, de ne pas en faire la requête au fédéral et la prorogation du Parlement jusqu'à la fin janvier rend la situation difficile.
Bélanger pas convaincu
M. Bélanger estime pour sa part que le fédéral devrait d'abord mettre un conciliateur à la disposition des parties patronales et syndicales si elles le souhaitent. C'est aussi l'opinion du ministre ontarien des Affaires municipales, Jim Watson, qui encourage le gouvernement fédéral à rendre disponible ses médiateurs pour régler le conflit.
M. Bélanger ne se dit pas convaincu que le transport en commun soit réellement un service essentiel.
« Je ne dis pas non automatiquement à l'idée, mais je comprends que nous sommes dans une société libre, dit-il, et il y a une grande différence entre la sécurité publique et le service public. C'est vrai que le transport en commun est un service important, c'est indéniable, mais est-ce que (son interruption) met en danger la sécurité des gens, je me le demande. »
« Pour moi, c'est évident avec tous les courriels et les appels que je reçois en raison de la grève, que le transport en commun est un service essentiel, notamment car son interruption affecte les plus démunis, les personnes âgées qui se rendent à l'hôpital en autobus et les étudiants qui en dépendent », réplique le conseiller Bloess.
Le président de la STO s'oppose
Le président du syndicat de la Société de transport de l'Outaouais (STO), Félix Gendron, est farouchement opposé à ce que le transport en commun soit désigné comme un service essentiel.
Les employés de la compagnie gatinoise sont à la veille de
renégocier leur convention collective venant à échéance le 31 décembre.
« On a qu'à regarder comment les négociations avec les policiers de Gatineau et la Ville se déroulent, constate-t-il. Il n'y a rien de signé encore et c'est la même chose avec les policiers de Montréal. On voit que l'employeur profite du statut de service essentiel et que ce n'est pas un processus équitable, mais plutôt à sens unique. »
Réponses de la Ville
La Ville d'Ottawa mentionne qu'elle « n'envisage pas de recourir à l'arbitrage exécutoire pour le moment ». Cette prise de position apparaît dans le site Internet de la municipalité, qui publie depuis hier une série d'explications aux principales interrogations des usagers.
La Ville indique aussi qu'elle « s'engage à négocier de bonne foi [...], et qu'elle est prête à négocier en tout temps avec les dirigeants du syndicat. »