En plus de verser un tarif annuel de 200 000 $ à Tricentris, la municipalité épongera les pertes subies lors des périodes difficiles. Le contrat stipule que la municipalité comblera tout déficit annuel jusqu'à concurrence de 280 000 $.
Au passage, la municipalité écarte une alléchante proposition de Waste Management. Le géant nord-américain du recyclage a proposé de payer 20 $ la tonne pour acquérir le contenu des bacs bleus gatinois.
De toute évidence, Gatineau hésite à confier à une multinationale le soin de disposer du papier, du verre, du plastique et des autres matières recyclables que les Gatinois placent chaque semaine dans les bacs bleus.
Une grosse erreur
Le maire Marc Bureau et son bras droit à l'environnement, le conseiller Patrice Martin, n'ont jamais caché leur préférence pour Tricentris, un organisme géré par des municipalités et dont l'objectif premier n'est pas la recherche du profit.
Pour Bernard More, responsable des relations avec les municipalités chez Waste Management, la Ville de Gatineau est sur le point de faire une grosse erreur.
« On est convaincu que ce n'est pas une bonne entente pour les Gatinois. La Ville perd une belle occasion d'aller chercher des revenus, alors que Tricentris connaît des difficultés », a-t-il dit.
Aussi touché par la crise mondiale du recyclage, Waste Management se croit néanmoins toujours en mesure de faire une offre concurrentielle à la Ville de Gatineau.
Incompréhension
« On trouve inconcevable, renversant, que la Ville s'engage à payer un tarif de 200 000 $ et à éponger des déficits pour une durée de vingt ans quand on considère qu'elle ne devrait pas payer un sou, qu'elle devrait plutôt faire de l'argent avec le recyclage. »
Le conseiller Aurèle Desjardins n'a jamais caché son scepticisme par rapport à Tricentris, une compagnie qui dessert 76 municipalités au Québec. Sans être contre une entente avec Tricentris, il regrette que l'offre de Waste Management n'ait pas été étudiée sérieusement.
« Ce que je veux, c'est qu'on aille au moins sonder ce que le marché a à nous offrir, pour vérifier si on n'est pas capable d'aller chercher un meilleur prix pour notre recyclage », dit M. Desjardins.
À Montréal, note-t-il, la ville est parvenue à disposer de son recyclage à coût nul.
Pour permettre à Tricentris de s'installer à Gatineau, la municipalité lui vendra un terrain dans le parc industriel de l'aéroport.
En contrepartie, Gatineau paiera des frais d'entrée de plus de 300 000 $ pour devenir membre de Tricentris.