Alors que Waste Management (WM) affirme être en mesure de faire une offre alléchante et concurrentielle à Gatineau, le maire Marc Bureau a confirmé, hier, que les négociations actuelles se font avec la firme Tricentris, un organisme à but non lucratif géré par des municipalités québécoises.
WM n'a pas eu de nouvelles de la Ville après avoir présenté une offre, en septembre. M. Bureau n'entend d'ailleurs pas se renseigner davantage sur ce que WM peut offrir. « Je n'ai pas de réponse à leur fournir, a déclaré M. Bureau. La Ville a fait le choix, jusqu'à présent, de fonctionner avec Tricentris, il y a eu une décision du conseil municipal d'aller vers ça et je pense que c'est une décision qu'on va maintenir, mais la décision finale n'est pas encore prise. »
Le responsable des relations municipales chez WM, Bernard More, affirme que l'entreprise est à la fois déçue et surprise de l'attitude de la Ville. « On aimerait avoir une explication, on va continuer, il n'y a rien de signé encore, et on demeure convaincu qu'il y a des gens à la Ville qui vont comprendre qu'on peut offrir une opportunité probablement plus alléchante pour les citoyens de Gatineau », a indiqué M. More.
En septembre, WM disait pouvoir offrir de l'argent à la Ville pour s'occuper du recyclage, tandis que Gatineau paie actuellement 25 $ la tonne à Tricentris. Malgré une baisse drastique de la demande dans l'industrie du recyclage, WM croit toujours pouvoir offrir mieux que Tricentris.
Le conseiller Patrice Martin, qui préside la commission sur l'environnement, a laissé savoir que le choix des élus s'inscrit dans une vision globale de développement durable. « On veut contrôler notre destinée en matière de gestion des matières résiduelles », a-t-il souligné. Pour ce faire, Gatineau doit devenir membre de Tricentris, et ainsi siéger au conseil d'administration. En fonction du contrat avec Tricentris, valide jusqu'à la fin 2010, la Ville n'est actuellement que cliente.
M. Martin a également indiqué que l'offre — non formelle — de WM a été analysée avant d'être mise de côté. « On a eu recours à un expert pour analyser l'intention d'offre de Waste Management, et sur la base de ça, on a continué de négocier avec Tricentris », a-t-il fait savoir.
La Ville espère ainsi s'assurer que le sort réservé à son recyclage soit le plus vert possible. La politique de gestion des matières résiduelles du gouvernement du Québec prévoit en effet que certains traitements sont plus souhaitables que d'autres. La règle des 3R-V (réduction à la source, réemploi, recyclage et valorisation) est dotée d'un ordre de priorisation voulant, par exemple, que le recyclage mécanique est préférable à la valorisation par la transformation chimique d'un matériau en énergie.
Professeur spécialisé en gestion des matières résiduelles au Cégep de Sorel-Tracy et à l'Université de Sherbrooke, le chimiste Marc Olivier note que l'offre de WM peut paraître alléchante aux yeux des contribuables gatinois, mais qu'il faut voir plus loin que la simple opportunité de faire de l'argent. « C'est certain que si le citoyen ne voit que le côté financier, oui, il est évident que c'est indéfendable, convient M. Olivier. Par contre, on pourrait penser que si le citoyen se demande ce qui sera fait à long terme avec les matières, si ça peut être fait dans la région, il y a un intérêt au développement local, et il vaut mieux essayer de faire les choses localement. »