«Ça n'a pas de bon sens que la Ville de Gatineau accorde un permis et permette ça, a clamé le directeur Claude Beaulieu. Ça contrevient en plus aux principes derrière une politique comme Gatineau, Ville en santé. Un restaurant familial, ça peut aller, mais là c'est un fast-food qui annonce du poulet frit, de la poutine...»
Il estime que la politique du gouvernement pour contrer la malbouffe est un pas dans la bonne direction, mais qu'elle ne peut être restreinte au milieu scolaire. Elle doit aller au-delà pour empêcher que des fast-foods ou des dépanneurs - il y en a un qui vient d'ouvrir devant l'école primaire de l'Escalade - s'installent près des écoles. «On ne peut rien faire pour ceux qui sont déjà là, mais on peut légiférer pour empêcher qu'il y en ait des nouveaux», a-t-il noté.
Le Conseil des commissaires de la Commission scolaire des Draveurs (CSD) devrait d'ailleurs se pencher sur la question lundi et pourrait adopter une résolution demandant à la ville de considérer la dimension de lutte pour une saine alimentation avant d'octroyer des permis, a indiqué son président, Julien Croteau.
Déception
«Nous sommes déçus de voir que dans un contexte où nous devons faire la promotion d'une saine alimentation, on puisse ouvrir de tels commerces devant nos écoles», a-t-il déclaré.
À la Ville de Gatineau, on a indiqué que la réglementation n'est pas différente pour les commerces à proximité des écoles et que tant que les normes sont respectées, les permis doivent être accordés. Le conseiller du district de Bellevue, Richard Côté, et le président de la commission Gatineau, Ville en santé, Pierre Philion, n'ont pas répondu aux appels du Droit hier.
Le directeur de la polyvalente Nicolas-Gatineau regrette aussi que la facture associée à la nouvelle politique ait été refilée aux parents. Alors que son école subventionnait les produits santé avec les profits de la vente de boissons gazeuses et autres produits moins santé, elle a dû cette année augmenter le prix d'un plat principal de 3,25 $ à 4 $ pour compenser et offrir de la nourriture conforme à la politique.
Bon... mais plus cher
«On vendait des produits santé comme le lait ou le yogourt presque au coûtant, mais là on ne peut plus le faire, a noté M. Beaulieu. Aussi offrir des salades, c'est bien, mais c'est plus cher. Je pense que ceux qui disent que le prix est le même ne sont pas allés dans une épicerie récemment.»
Les trois autres écoles secondaires de la CSD, dont la cafétéria est gérée par un sous-traitant, ont également vu le prix des repas augmenter de 16 % à 18 % en raison de l'application de la nouvelle politique et de l'augmentation mondiale du coût des aliments, a précisé son secrétaire général Yvon Landry
La facture risque également d'augmenter pour les différentes activités proposées par les écoles, avertit M. Beualieu qui trouve injuste que les jeunes joueurs de hockey, par exemple, puissent vendre du chocolat, mais pas ses élèves. «On a essayé l'année dernière avec d'autres produits comme des barres de savon, mais ça ne fonctionne pas, a affirmé le directeur. Ce sont donc les parents qui doivent payer plus cher pour les activités.»
La CSD n'interdit pas la vente de tels produits, laissant la décision aux écoles, mais elle suggère fortement de la limiter.
cdubé@ledroit.com